Le Corso est le film que Bertrand a réalisé à la fin de ses études au Fresnoy (Roubaix). Sur le site de cette institution éducative renommée, une note accompagnant le film précise les intentions de son auteur :
Ce n'est qu'un au revoir. Les études, c'est fini maintenant, je dis au revoir au statut d'étudiant, j'en ai assez car plus j'ai envie d'être considéré comme un adulte, plus je m'oppose à mes aînés, et plus je passe pour un adolescent. C'est fini tout ça, j'existerai sans être un enfant ou un étudiant qui a besoin d'être accompagné et assisté sans cesse, et dont on doit contrôler les moindres faits et gestes, pour s'assurer que tout va bien. Je ne tenterai pas de post-diplôme, à Paris ni à Amsterdam, cela fait huit ans que j'ai passé mon bac ça suffit, je veux sortir d'un système d'éducation. Mon corps est tout mutilé tellement je suis civilisé. Je veux sortir dans la jungle sociale et devenir anonyme et transparent. Sortir des études d'art c'est pas facile, car on a l'impression qu'il reste toujours quelque chose à faire pour se perfectionner, et puis après sortir en toute sérénité. Ce moment n'arrive jamais, et j'ai honte, parce que mon petit frère est sur les mêmes rails aux beaux-arts de Bourges, un peu à cause de moi. Je vais sortir, mes parents ne me donneront plus d'argent, je dois trouver un métier, des gens m'attendent au tournant : "Oh ça fait huit ans qu'il fait ce qu'il veut comme il veut, il va falloir qu'il se trouve un vrai travail maintenant. Il a passé huit ans à étudier, comme un médecin, mais un médecin en temps de guerre, c'est vital. S'il y a la guerre, qu'est-ce que tu vas faire, tu ne sers à rien." C'est pourquoi avant de partir, je vous laisse une jolie vidéo qui vous divertira quelques minutes.
Produits avec les outils de l‘animation en 3D, les films de Bertrand Dezoteux (né en 1982, vit et travaille à Angoulême) côtoient les formes devenues les plus quotidiennes du cinéma de divertissement, du jeu vidéo, et de la publicité, parmi lesquelles ils ravivent des réminiscences médiévales. Adoptant le point de vue du voyageur, ils parviennent à illuminer des aspects habituellement refoulés de la vie en France, et des relations inconscientes à la fiction nationale.